vendredi 4 février 2011

dans la série APRES LE VOYAGE C'EST ENCORE LE VOYAGE

J'expose ici quelques additifs aux textes publiés sur ce blog et écrits parfois dans l'urgence et j'esquisse une sorte de bilan général.
  Je viens de visionner 1 h de film (en tout il y en a 3) et je suis resté scotché devant , avec un résultat culinaire comparable à celui obtenu lors de la préparation de mon sac 1 mois auparavant. C'est plutôt bon signe pour l'avenir de ce film (pas pour mes talents de cuisinier) ; mais il va falloir trier !  Mes petits camarades vont également avoir un gros travail à effectuer afin de classer leurs quelques 4000 photos.
   Mais revenons aux souvenirs bruts. Ce qui constitue pour moi le point fort de ces mémoires de voyage, ce fut sans doute la vision soudaine de ces immenses parois verticales serties dans la glace et l'eau des lacs (Fitz Roy et Torres del Paine), vision d'autant plus impressionnante que nous la savions éphémère, le mauvais temps n'étant jamais très loin , vision réservée de surcroît à un petit nombre d'élus car notre groupe de 6 s'est trouvé par chance assez seul lors de son arrivée dans ces lieux magiques. Je précise toutefois qu'il y a suffisamment de place sur les miradors pour que le plaisir de la contemplation puisse être largement partagé.
   Et puis, à côté de ces flashs de beauté pure il y eut tous ces moments plus dynamiques nous offrant la sensation , très prisée des montagnards, de progresser au sein d'une nature mouvante, en faisant corps avec elle et en en bravant les éléments les plus hostiles (pluie, neige, vent) . Sensation accompagnée de petits plaisirs intenses, comme celui de descendre un névé en godille avec les chaussures... au pied du Fitz Roy. Sans oublier que le paradis se trouvait souvent dans les parages. Nous l'avons rencontré plusieurs fois au coeur d'une forêt de lengas, au détour d'un buisson, ou encore à proximité d'une mare d'eau claire. Nous avons constaté avec satisfaction que cette nature originelle, sans qu'il fût besoin d'interdits, était entourée d'un  respect mérité et que les papiers gras ou les sacs plastique ne figuraient jamais dans le paysage. Suivant les conseils des gardes du Parc, nous avons pour notre part limité au maximum l'usage des bâtons, leurs pointes ayant tendance à détériorer des sols déjà très fragiles et à élargir excessivement les sentiers.
   Ce sanctuaire naturel est en effet parcouru par un grand nombre de touristes venus de toutes les parties du monde, mais aussi fort heureusement Chiliens ou Argentins. Ce fut un plaisir d'échanger quelques phrases (mi anglais mi espagnol), au sein de ces terres magnifiques, avec d'autres êtres humains dont je ne connaissais pas forcément le pays d'origine; une mention spéciale pour cette jeune Chilienne, à qui j'ai dit que son pays était vraiment splendide et qui m'a gratifié en retour d'un sourire valant tous les discours de bienvenue.
   Ce peuple chilien, dont je ne me suis pas le moins du monde senti l'otage à l'occasion de la grève victorieuse qu'il a mené contre une mesure gouvernementale injuste (l'augmentation brutale de 16% du prix du gaz, sachant que celui-ci est le combustible essentiel et qu'on se chauffe toute l'année dans ces contrées froides). Je me serais bien sûr senti davantage coincé si nous nous étions trouvés à Puerto Natales pendant le bloquage ; mais ma conscience de militant aurait très certainement pris le dessus sur mon intérêt de touriste. Si la grève avait duré, je me serais d'ailleurs bien vu envoyer au président Piñera une motion de soutien aux grévistes.
   Quelques mots encore pour rendre hommage aux Indiens qui ont disparu en tant que peuple de ces territoires, mais dont le souvenir émerge souvent de ces  visages autochtones façonnés par de multiples métissages. Nous rendîmes une petite visite à l'émouvant monument à l'Indien inconnu,situé à l'intérieur du cimetière municipal de Punta Arenas ; cet Indien qui, tout comme les soldats de la grande guerre, fit les frais d'une histoire humaine décidément pleine de ratés.
    Et pour terminer, un autre hommage, cette fois à mes compagnons de voyage. Même s'il y eut parfois quelques tensions, inévitables, la volonté de se jouer des contraintes pour aller  de l'avant fut toujours la plus forte, ce qui nous permet aujourd'hui de tirer un bilan très positif de notre périple.
   Merci donc à Claudine et à sa détermination sans faille,
   à Eric qui sut traverser avec courage l'épreuve de la gastro,
   à Jean-Luc pour ses bons mots,
   à Claire pour sa gentillesse
   et bien sûr à Luz, qui sut faire profiter tout le monde de ses talents d'organisatrice.
  Sans vous tous, je n'aurais tout simplement jamais osé entreprendre ce voyage !

  Le coup de griffe, je le réserve à la douane de notre Europe forteresse, qui s'est emparée des 2 pots de dulce de leche que je destinais à mes enfants et les a jetés en toute bonne conscience à la poubelle.
   Qué lastima ! Qué vergüenza !
     El compañero Miguel, qui projetait bien entendu un attentat inédit à la confiture de lait.